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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/116

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grottes rustiques, tapis doux comme des gazons, tentures fleuries comme des parterres, miroirs purs comme des bassins.

Tout le jour, on le voyait s’empresser, franchissant les tranchées, escaladant les échafaudages, sous la pluie ou le soleil, à la suite des jardiniers ou des maçons. Le heurt des bêches se mêlait au bruit des marteaux ; la poutre équarrie croisait la pierre taillée. De grands arbres, avec leurs branches, venaient, en oscillant, racines tendues, s’implanter et revivre dans la terre nouvelle qui les recevait ; des statues passaient traînées par des attelages de bœufs et, chaque soir, au couchant, l’ombre de la maison grandissait de l’ouvrage de la journée.

Le vieillard sbarbat ordonnait tout, la pose des pierres et l’ajustement des boiseries, le sablage des allées et l’étiage des bassins, quinconces et guillochis, infatigable, le compas à la main, les plans déployés, heureux de créer encore une fois une œuvre de cette architecture qu’il aimait passionnément et dont la mode d’alors s’éloignait pour préférer à ces savantes symétries les improvisations d’un goût disparate. Sa manie, d’accord avec mon désir, s’éver-