Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/117

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tuait à hâter les travaux qui devaient prendre fin à une date convenue.

À ce jour, fixé d’avance, il fallait que tout fût prêt, que les fleurs embaumassent les parterres entre les buis des allées et les pyramides des houx, l’obélisque des ifs debout aux ronds-points, le sourire des statues à leurs visages de marbre, leurs pieds nus foulant les socles enguirlandés, les eaux impatientes de lancer leurs fusées, d’épanouir leurs gerbes, de déborder leurs vasques, d’emplir tout le jardin de leur murmure délicieux. Il fallait que toutes les clés fussent à toutes les portes, les appliques aux murs, chaque chose à sa place dans sa perfection et sa minutie, avec les vins et les fruits servis sur la table et partout les miroirs que j’avais voulus nombreux et beaux pour refléter au passage le sourire divin, la chevelure nocturne et le port gracieux de l’incomparable Madame de Sérences dont la mystérieuse beauté allait se voir en eux, une fois, et pour jamais !

Jamais plus belle journée ne brilla. Dès l’aube les râteaux parfirent les allées ; les arrosoirs emperlèrent les fleurs rafraîchies. L’air était doux, pur et léger. Une après-midi de fin d’été