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Page:Régnier - La Cité des eaux, 15e éd.djvu/57

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Car toute la forêt chante de sources vives
Dont le murmure épars circule au sol vivant,
Et leur sombre fraîcheur, nourricière et furtive,
En elle s’insinue et partout se répand.

Ce sont elles qui font du tissu des racines
Surgir le hêtre droit et le chêne aux durs nœuds,
Et c’est vers leur attrait que se penche et s’incline
Le bouleau jaune et blanc parmi les saules bleus.

Ce sont elles qui font, sur les mousses des sentes,
Errer les mêmes dieux à longs traits enivrés
D’avoir rebu la vie aux eaux adolescentes
Où se sont rajeunis leurs corps régénérés.

Salut, ô vous, amis des sources forestières !
Nul ne vous a sculpté des visages d’airain,
Ni des torses de bronze ou des hanches de pierre ;
Aucun marbre immortel ne vous a faits divins.