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Page:Régnier - Les Jeux rustiques et divins, 1897, 2e éd.djvu/223

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LA CORBEILLE DES HEURES


ODELETTE II


Je n’ai rien
Que trois feuilles d’or et qu’un bâton
De hêtre, je n’ai rien
Qu’un peu de terre à mes talons,
Que l’odeur du soir en mes cheveux,
Que le reflet de la mer en mes yeux,
Car j’ai marché par les chemins
De la forêt et de la grève
Et j’ai coupé la branche au hêtre
Et cueilli en passant à l’automne qui dort
Le bouquet des trois feuilles d’or.

Accepte-les ; elles sont jaunes et douces
Et veinées
De fils de pourpre ;
Elles sentent la gloire et la mort,
Elles tremblèrent au noir vent des destinées ;
Tiens-les un peu dans tes mains douces :