Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/101

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que je compte pour me punir. Je la connais trop pour ne pas savoir qu’il y a certains coupables qu’elle évite de châtier, et je craindrais d’être de ceux-là. Je redoute d’elle des ménagements dont je ne veux point. Aussi est-ce à celle de Dieu que je m’adresserai, car la sienne ne considère l’état et la condition de personne, et nous sommes tous égaux à son jugement et à sa sévérité. C’est donc en ses mains que je me remets.

Il reprit après une pause :

– Ne pensez pas, monsieur, qu’elle ait affaire à un impie endurci ou à un athée déterminé. Non. Votre Floreau de Bercaillé, avec tous ses discours, n’y a rien pu. Il ne m’a ménagé ni les raisonnements ni les apologues, et il a fait son métier jusqu’au bout. Il n’a pas tenu à lui que je devinsse le plus solide des esprits forts. Ce n’est pas pourtant ce que je lui aurai dû, car j’ai moins profité de son enseignement que de sa complaisance. C’est la sienne, monsieur, qui m’a amené ici. Elle ne croyait me conduire qu’au plaisir, ou, du moins, à ce qui, en ma turpitude, m’en semblait un ; mais les desseins de la Providence sont mystérieux et impénétrables. Dieu s’est servi d’une petite fille que monsieur de Bercaillé avait découverte dans un galetas pour anéantir