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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/106

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C’est ainsi que le Souverain Maître de nos fortunes terrestres, comme des éternelles, m’a laissé tomber au rang des bêtes les plus basses et les plus dangereuses. Mes mains ont saisi ; mes ongles ont griffé. Dieu me voulait en cette posture avilie pour que sa grâce m’y vînt chercher. Ah ! monsieur, vous le dirai-je et le croiriez-vous ? À cette minute épouvantable, il m’a semblé que mon péché sortait de moi pour n’y plus rentrer. J’en étais, pour ainsi dire, vidé. Écoulé de ma chair et englouti dans une autre chair, j’en étais comme assaini. Il ne m’en restait que l’horreur, la courbature et la fatigue.

Et M. Le Varlon de Verrigny étira ses jambes alourdies.

– Je vous disais vrai, tout à l’heure. Oui, vous n’avez point devant vos yeux ce monsieur Le Varlon que vous avez connu naguère, paillard et débauché. C’est un autre homme qui vous parle et qui ne se souvient de l’ancien que pour en pleurer les hontes, car ce nouveau venu est encore tout chargé d’iniquités, mais sincèrement décidé à en obtenir le pardon et à mener pour cela la vie qu’il faut, sans qu’aucune rigueur le rebute de son propos. Cette entreprise de pénitence n’est point ce que vous