Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pourriez croire. N’y voyez pas une de ces contritions passagères que ressent parfois le pécheur entre le dégoût du péché commis et l’ardeur de le commettre encore. Non. Je me sens ferme en mon projet, et tout assuré de l’avenir. Cependant, quelles que soient ma méfiance et ma sûreté en mon nouvel état, ne supposez pas que je le veuille hasarder aux dangers du monde. C’est dans une solitude que je prétends me retirer. Vous me direz peut-être que j’eusse pu moins attendre et profiter déjà d’un de ces courts répits dont je vous parlais. Hélas ! auriez-vous voulu que je salisse ma retraite de l’ordure de mes pensées ? J’aurais peuplé ma solitude des désirs de ma chair, tandis que je n’y apporterai maintenant que l’écorce d’un corps en qui la semence mauvaise est desséchée et ne fermentera plus. Car tel est l’événement de cette nuit où le péché a brûlé en moi ses dernières flammes et s’est éteint dans sa propre cendre. Aussi, ai-je choisi le lieu de ma retraite. C’est à Port-Royal-des-Champs que me va conduire le carrosse qui est en bas. Vous connaissez la sainte réputation de cet asile. Parmi ces solitaires, celui qui fut dans ce monde monsieur Le Varlon de Verrigny entreprendra de se rendre digne de la grâce que