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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/118

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rien pour la rendre ce qu’il faut qu’elle soit. Notre ami, en effet, n’a pas à achever doucement, dans une retraite prudente, une existence déjà épurée par ce qui prépare, d’ordinaire, des résolutions pareilles à la sienne. Il y a tout à faire, messieurs, et c’est un grand travail que d’avoir à renaître tout entier et tout à nouveau de soi-même. D’ailleurs, n’est-ce point là une preuve de l’existence de notre religion que, même en ce pécheur, elle ait gardé d’assez fortes racines pour épanouir en cette boue la fleur épineuse du repentir. Cela ne devrait-il point porter à réfléchir des impies comme vous en êtes et vous montrer que vous-mêmes, en votre endurcissement, n’êtes point si assurés que vous le pensez contre les coups soudains de la Grâce ?

– Parlez pour monsieur, madame la marquise, – répondit M. Herbou, le partisan, – et non pour moi. On dit en effet que M. de Bréot est esprit fort, ce qui peut bien être, mais ne trouverait-on pas plutôt en lui quelque chose d’un païen que d’un athéiste raisonneur ? Je le soupçonne moins de ne pas croire en Dieu que de vénérer des divinités plus secrètes. Il aime les fables des Poètes et il tire du luth des accents qui doivent flatter l’oreille d’Apollon. N’est-il point dévot aux Démons