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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/140

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qui s’assemblent là pour se montrer et ne négligent rien pour y paraître à leur avantage, m’avaient fait oublier le morceau de pain que je gardais dans ma poche pour mon goûter. Une fois arrivé dans l’enclos, je tirai donc ma croûte et me mis à manger avec appétit en l’arrosant de l’eau de la fontaine. Je fus si content de ce petit repas que, le soir approchant, je me déterminai à ne pas rentrer à la maison. Tout ce que j’avais vu durant la journée m’entretenait dans la rêverie la plus agréable, tellement que je me couchai sur le dos pour jouir de ce qu’elle m’offrait à l’esprit. L’air était suave et tiède et le ciel tout étoilé à travers les arbres qui frissonnaient d’un léger vent. Je l’écoutais bruire parmi les feuilles, quand je m’aperçus qu’il s’y mêlait un son de musique qui, bientôt, occupa seul mes oreilles. Que vous dirai-je, monsieur ? Je me sentis, à l’entendre, les yeux pleins de larmes. Elles y montaient avec force et douceur et je ne cherchais pas à les retenir.

» Je fusse resté là toute la nuit, si un pas ne m’eût fait tressaillir : il y avait quelqu’un avec moi d’entré dans l’enclos. J’eus grand’peur ! et je sautai sur