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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/139

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demeurais le moins possible auprès de mes parents et que je préférais passer mes journées dehors à me divertir à ma façon.

» Il y avait, non loin de l’endroit où nous habitions, un assez grand enclos abandonné. L’herbe y croissait en désordre autour de quelques vieux arbres qui avaient été autrefois les ombrages d’un jardin. Il en restait même quelques débris de fontaines dont l’eau s’écoulait à sa guise. Je venais souvent me réfugier en ce désert. Le mur qui le fermait montrait des brèches dont j’étais habile à profiter. Je me glissais volontiers dans cette retraite, sûr d’y trouver de la solitude et de la fraîcheur. Je m’y étendais sur l’herbe et quelquefois j’y dormais. Personne ne s’avisait de m’y déranger. Je considérais ce lieu comme à moi et il me semblait si propre à ce que j’en faisais que je ne lui imaginais pas d’autre usage. J’aurais été fort indigné si quelqu’un fût venu m’y troubler.

» Donc, un jour d’été que j’avais rôdé selon mon habitude et consacré une bonne partie de l’après-midi au défilé des carrosses sur le Cours, je me rendis à ma place favorite.

» La beauté des chevaux, la galanterie des ajustements et la diversité du spectacle de tant de gens