Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/143

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menait avec lui chez les gens pour amuser leurs repas d’airs variés ou faire danser ceux qui aiment ce divertissement.

» Ces occupations ne suffisaient pas à mon zèle. Je cherchais sans cesse à me perfectionner seul en mon métier. Ces efforts me valaient l’admiration de mon père et de ma mère. Ils ne se lassaient pas de m’écouter. Ma mère joignait les mains en remerciant Dieu d’un tel fils, et mon père hochait la tête de plaisir, en s’arrêtant un moment de tendre l’étoffe et de poser le galon. Ce fut bien mieux encore lorsque je rapportai quelque argent à la maison. Maître Pucelard me le donnait, quand il était satisfait de moi, ce qui arrivait assez souvent. Mes parents commençaient pour de bon à se louer de ne m’avoir imposé aucun des métiers pour lesquels j’avais témoigné si peu de goût, puisque j’en avais, par moi-même, choisi un aussi honorable qu’avantageux. On cessa de me désigner dans le quartier comme un paresseux et un propre à rien, et je devins, aux yeux des voisins, une manière de prodige. J’étais fier de ma nouvelle condition et je tranchais déjà de l’important, si bien que, lorsque je passais, ma flûte sous le bras, devant l’église de notre paroisse, je ne manquais pas de laisser