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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/144

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tomber quelque monnaie dans la sébile des mendiants accroupis sur les marches. D’ailleurs, je les connaissais par leur nom et ils me saluaient de loin par le mien pour mieux attirer mon aumône, car ces gens-là savent fort bien qu’il y a plaisir à être distingué du commun et que le nom que l’on porte semble prendre quelque mérite à nos oreilles d’être répété par autrui et de courir de bouche en bouche, fussent-elles des gueules affamées au lieu du gosier sonore de la Renommée.

» Cependant, monsieur Pucelard, mon maître, me continuait ses leçons. Il m’enseignait, un à un, tous les secrets de son art. Un soir, nous avions formé le projet d’aller nous exercer dans l’enclos que je vous ai dit. Nous nous promettions beaucoup de plaisir à nous répondre alternativement sous la lune ; mais, quand nous arrivâmes à l’endroit, quelle ne fut pas notre surprise de le trouver tout bouleversé ! Un grand nombre des arbres avaient été abattus. Une partie du terrain était remuée de tranchées. Notre solitude avait été gâtée et détruite, et nous dûmes nous en revenir fort désappointés.

» Le lendemain, mon premier soin fut de m’enquérir des causes de ce changement. Ma demande fit