Aller au contenu

Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tout doré, dont les chevaux allaient franchir le portail, lorsque je ne sais quoi les effraya et les fit reculer brusquement. Les fortes bêtes presque cabrées semblaient avoir grand’peur. Elles refusaient d’avancer. Les laquais s’agitaient avec leurs torches si bien que la portière s’ouvrit et que j’en vis sauter à terre un personnage que je reconnus aussitôt pour être monsieur le duc de Grigny, qui se retourna pour tendre le poing à une dame et l’aider à quitter le dangereux carrosse. Elle portait un long manteau et un masque de velours, qu’elle ôta de son visage dès qu’elle eut assuré sur le sol ses hauts talons, ce qu’elle fit avec beaucoup d’aisance et de liberté ; après quoi, elle regarda autour d’elle.

» Ah ! monsieur, imaginez un visage frais et presque enfantin, de l’ovale le plus délicieux, une bouche charmante et de l’incarnat le plus riche, des cheveux de l’or le plus fin ! Elle était vêtue d’une robe de soie argentée, toute peinte de fleurs et de rameaux, et elle tenait une grosse rose rouge qui paraissait saigner à la lueur des torches. Cependant, monsieur le duc de Grigny avait de nouveau offert sa main à madame la duchesse, et, laissant