Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/153

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sa façon. Ayant accosté peu après monsieur de Cérac, au jeu de paume, il se prit de querelle avec lui et tous deux allèrent sur le pré. Le combat eut lieu justement dans cet enclos abandonné qui appartenait à monsieur de Grigny. La lutte fut acharnée de part et d’autre et les adversaires montrèrent une animation et un courage peu communs. Monsieur de Grigny y fut fort blessé et monsieur de Cérac tué.

» La conduite de mademoiselle de Barandin fut plus qu’étrange en cette circonstance. Elle écouta, sans aucun signe d’émotion que la plus complète pâleur, le récit de la mort de monsieur de Cérac et se contenta de demander si le combat avait été régulier. On lui assura que tout s’y était passé selon l’usage. À cette réponse, elle garda le silence assez longtemps, puis elle déclara avec le plus grand calme que, la volonté de Dieu s’étant manifestée au sujet de monsieur de Cérac, elle ne s’opposerait point à ce que cette même volonté s’accomplît au sujet de monsieur le duc de Grigny et qu’elle l’épouserait, lorsqu’on voudrait.

» Cette résolution causa beaucoup de surprise à ceux qui furent au courant de cette affaire. On en conclut à la singularité du cœur des femmes. Les plus sensés pensèrent que, si mademoiselle de