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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/154

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Barandin n’était pas insensible, comme elle le paraissait, au trépas de monsieur de Cérac, elle était sensible à ce que monsieur de Grigny y eût hasardé sa vie. Elle témoignait ainsi d’aimer davantage l’amour même que ses amants et se montrait plus fidèle au goût qu’elle semblait avoir d’être aimée qu’au sort de celui qu’elle aimait. Il y eut également des gens pour dire que mademoiselle de Barandin était simplement raisonnable, et qu’elle faisait ouvertement ce que d’autres eussent mis des détours à rendre moins choquant, et qu’il fallait lui compter cette franchise, et que, du reste, elle avait prouvé à monsieur de Cérac beaucoup de délicatesse en le préférant, tout pauvre qu’il fût, à monsieur de Grigny, et qu’enfin il avait eu en son vivant une assez belle marque d’amour pour que, mort, il n’eût rien à lui reprocher.

» Monsieur de Grigny fut très heureux d’apprendre les dispositions de mademoiselle de Barandin à son égard. Il maudissait sa blessure qui l’empêchait de voler aux genoux de sa belle. Il ne songeait pas une minute qu’elle pût lui conserver au fond du cœur, aucun ressentiment de la mort de monsieur de Cérac. N’était-il pas là, lui, pour le remplacer auprès d’elle ? D’ailleurs, monsieur de Grigny