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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/182

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n’avait guère lieu d’être satisfaite du cortège qui se préparait et dont monsieur le duc venait de donner l’ordre.

» Il ne manque pas à Paris de pauvres diables sans pain. On en rencontre par les rues des troupeaux qui ramassent leur pitance où ils peuvent et il y en a plus qu’il n’en faut qui tendent la main devant le porche des églises. Ils y ont leur place et leur poste habituels. Ils tâchent d’émouvoir les âmes pieuses par l’aspect de leurs difformités. Beaucoup même, à défaut de naturelles, en emploient de fausses, qu’ils simulent d’autant plus abominables qu’ils n’ont pas à en souffrir et qu’elles sont faites pour exciter la pitié. C’est ainsi que la pauvreté devient une industrie. La leur a pour outils des plaies et des guenilles, et, comme ces instruments ne sont pas chers, le nombre de ceux qui s’en servent n’est pas médiocre. Aussi les envoyés de monsieur le duc ne furent-ils guère embarrassés de lui assurer ce qu’il demandait et d’enrôler les sept compagnons qui devaient faire escorte de leurs loques et de leurs haillons à celle qui avait été la plus belle et la plus parée des femmes.

» Cependant le bruit de ces étranges obsèques s’était assez vite communiqué de bouche en bouche