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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/198

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indiquée, l’aspect de la nature se modifiait. Le pays devenait d’un caractère assez farouche, avec de gros rochers parmi des arbres rabougris auxquels succédaient des terrains sablonneux et stériles. Le royaume le mieux cultivé a de ces parties ingrates et qui ont découragé, par le peu qu’elles lui rendent, le travail des hommes. Celle où nous étions nous paraissait peu à peu affreuse, sans compter que le crépuscule y ajoutait je ne sais quoi d’étrange où les objets se déformaient. Lucie Robine avait cessé de boire, et Charles Langru avait jeté sa bouteille vide par la portière. Quant à Jean Guilbert, il se courbait sous sa bosse et marmottait des patenôtres entre ses dents ébréchées. Moi-même, je ressentais une impression désagréable, qui s’accrut quand nous nous engageâmes dans une allée de hauts chênes noueux, dont les branches tordues semblaient nous menacer et sous le couvert desquelles il faisait sombre comme au couloir d’une caverne.

» Cette avenue aboutissait à un pauvre hameau dont les maisons se groupaient autour d’une petite église. Plus loin on apercevait les deux tours pointues du château de monsieur de Barandin. Il n’avait guère bonne mine, ce vieux manoir, monsieur,