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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/199

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avec son logis et ses tourelles, et il était tout entouré d’une eau verdâtre où il se reflétait lugubrement. D’assez vastes communs s’élevaient à quelque distance. Les grenouilles coassaient dans les joncs du fossé. Les chauves-souris rayaient l’air obscur. J’avais peine à croire que de ce vilain lieu eût pu sortir cette belle personne aux cheveux d’or qui de mademoiselle de Barandin était devenue madame de Grigny. Pendant que je réfléchissais ainsi, les laquais cherchaient à se faire entendre du château. Torches allumées, ils menaient grand bruit au pont-levis. Enfin, une bizarre figure se montra à une fenêtre. C’était celle d’un bonhomme à cheveux gris qui semblait fort maussade d’être dérangé : aussi, quand le chef des laquais lui eut crié ce qu’il voulait de lui, le personnage répondit durement qu’il n’avait pas d’ordres de monsieur de Barandin, qu’il n’ouvrirait point la porte à des gens qu’il ne connaissait point et que, si l’on s’obstinait au fossé, il nous prouverait qu’il ne valait rien de demeurer à sa portée. En disant cela il nous ajustait de son mousquet, dont il eût sans aucun doute fait usage si les marauds qui l’importunaient n’eussent fait un bond pour se mettre à l’abri derrière les carrosses.

» Nous en étions là quand les habitants du hameau,