Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/208

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luxe et du plaisir. M. Herbou était riche ; M. Herbou était, sans doute, heureux. Se pouvait-il donc qu’il ressentît encore, après si longtemps, un trouble véritable de cette aventure de jeunesse qu’il venait de raconter à M. de Bréot ? Et pourtant celui-ci avait observé plus d’une fois chez M. Herbou, au cours de son récit, des signes d’émotion, comme si le souvenir de cette histoire était encore en lui tout chaud et tout ardent.

M. de Bréot en était là de ses réflexions quand M. Herbou les rompit assez brusquement :

– Vous vous demandez, je suis certain, comment je peux bien me rappeler avec animation, parmi tant de choses de toutes sortes qui me sont arrivées depuis, celles que je viens de vous dire. Cette mémoire, en effet, est assez étonnante, et j’aurais dû la perdre en chemin, car ce n’est pas une route commode qui mène d’où je viens au point où je suis. L’argent est plus difficile à acquérir que la gloire. Le métier est dur, monsieur, à devenir riche ; et j’ai connu de bonne heure les nécessités que le besoin impose à ceux qui n’ont et ne sont rien. Parmi elles, je compterai le devoir où je fus d’entrer au service de monsieur le comte des Raguiers, car j’échangeai pour la livrée