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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/209

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de ce seigneur mon costume de jeu de cartes qui fut, je dois l’avouer, le premier atout de ma destinée ; mais ce n’est pas en se croisant les bras qu’on se tire de cette condition, et songez à ce qu’il me fallut subir et entreprendre pour accomplir le miracle que vous savez. Je prétends ne pas me vanter en vous disant qu’il y faut non seulement de la chance, mais aussi de l’audace et quelque aptitude. Imaginez comme vous voudrez cette montée à une échelle sans échelons. Y serais-je parvenu sans le secours d’une force secrète ? Elle me vint justement de l’histoire que je vous ai contée.

M. Herbou se tut un instant, et soupira :

– J’y ai pris, monsieur, un furieux désir d’être riche.

M. de Bréot regarda M. Herbou.

– Oui, monsieur, et cela me saisit, à mon insu, tandis que je galopais presque privé de sentiment et cramponné à la crinière de ma bête. J’emportais dans mes yeux la couleur d’or de la chevelure de madame la duchesse. Elle rayonnait dans ma pensée avec le souvenir de sa beauté, et ce fut en ces heures que je conçus à jamais, monsieur, l’horreur d’être pauvre.

M. Herbou s’animait de nouveau en parlant :