Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/21

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toutes sortes de feuilles d’eau dont les tiges flexibles s’entrelaçaient autour de la taille et formaient au buste comme une corbeille où reposaient les rondeurs de la gorge. Madame de Blionne l’avait belle ainsi qu’elle avait le col souple et le visage régulier, sous une chevelure en boucles toute scintillante de diamants, de telle manière que, par ses atours, elle ressemblait assez bien à une fontaine, tant par le bassin miroitant de sa robe que par la vasque de ses épaules et la frange de sa coiffure étincelante. Elle en complétait la figure par une écharpe irisée, aux couleurs de l’arc-en-ciel, qu’elle agitait en dansant. Une vue si agréable fut accueillie par un murmure de contentement.

Du banc de gazon, où il s’était accommodé, M. de Bréot ne se lassait point de regarder madame de Blionne. Son pas hardi et gracieux échappait aux gestes gauches et aux assauts maladroits des quatre Sylvains à perruques, qui s’échauffaient autour d’elle et, par des gambades réglées, accomplies avec beaucoup de perfection, essayaient de montrer leur désir de boire aux eaux argentées de cette belle Nymphe. Ils manifestaient leur dépit par mille contorsions, propres à faire valoir la bizarrerie de leurs habits et de leurs masques, car ils en portaient au