Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de se résoudre ! Au moins, si elles résistaient pour de bon, il y aurait quelque mérite à leur faire au rebours de ce qu’elles veulent, mais songez que c’est justement ce qu’elles désirent le plus qu’elles nous astreignent à avoir d’elles avec mille peines et mille soins. Aimer, monsieur, mais vous avouerez qu’il convient tout au plus de se laisser aimer. Être aimé, voilà qui est encore supportable, si l’on y apporte un choix judicieux ! En vérité, c’est bien au tour des femmes à se montrer ce qu’elles doivent être et au nôtre à demeurer ce que nous sommes, et je ne pense pas, monsieur, que vous, qui êtes nouveau en cette ville et avec quelque figure, alliez vous joindre aux barbons et aux niais qui se comportent encore à l’ancienne mode, quand il y en a une autre plus nouvelle et plus commode pour laquelle vous me semblez fait ; aussi espérai-je, monsieur, que si vous avez quelque dessein sur quelque femme d’ici, vous vous contenterez tout au plus de lui laisser entendre qu’il n’est pas dans les vôtres de vous opposer à ceux qu’elle ne peut manquer d’avoir sur vous.

Pendant que M. le prince de Thuines parlait ainsi, M. de Bréot, tout en écoutant poliment ses discours, regardait par la fenêtre qui s’ouvrait sur