Aller au contenu

Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tomba sur des sujets de galanterie. Elle en arriva à un point où M. Herbou demanda à M. de Thuines s’il était toujours amoureux de madame de Gorbes.

– Amoureux ! amoureux ! – répondit celui-ci, – mais vous avez donc juré de me rendre ridicule aux yeux de votre ami et de me faire passer en son esprit pour quelqu’un d’un autre temps ?

Et M. le prince de Thuines prit tout en riant un air offensé.

– Ne trouvez-vous pas, monsieur, – continua le prince en s’adressant à M. de Bréot – qu’il y ait rien de plus dégoûtant et de plus bas que d’être amoureux d’une femme. Quoi, l’aborder, la supplier, lui promettre, lui mentir pour obtenir d’elle quelque chose qu’elle nous fait l’affront de n’être pas la première à vouloir de nous ! Voilà bien le métier le plus rebutant du monde ! Et encore n’est-ce point tout, mais fixer des rendez-vous, écarter des obstacles, assurer des rencontres, ne serait-ce pas là plutôt une occupation de valet qu’un divertissement de gentilhomme ? Comment se peut-il qu’avec un peu de cœur on condescende à ces façons ! Si les femmes prétendent à l’amour, qu’elles s’y prennent autrement que par exiger de nous ces devoirs fastidieux auxquels il n’est plus possible