Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/218

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Il avait remarqué d’ailleurs l’excellente qualité des cordes à luth qu’on y fournissait et qu’elles rendaient un son plein et délicat. Maître Géraud se montrait reconnaissant des compliments qu’on lui faisait de sa marchandise, et l’aimable Marguerite Géraud ne dédaignait pas ceux qu’on lui adressait sur la grâce de son visage. Maître Géraud lui-même ne s’offusquait point trop s’il lui en revenait quelque chose, quoiqu’il eût l’oreille plus fine à l’accord des instruments qu’à ce qui se disait autour de lui. C’était un bonhomme accommodant et fort occupé de ses affaires. Il fourrageait dans la boutique pendant que l’on courtisait sa femme. Il époussetait et nettoyait ses instruments et les tenait en bon ordre, tandis qu’au comptoir madame Géraud répondait aux galanteries.

C’était un lieu fort agréable que la boutique de maître Géraud. Les instruments de toutes sortes y composaient une décoration naturelle, à la fois singulière et riche par leurs formes, qui étaient diverses, et leur matière, qui était souvent précieuse. Il y en avait de bois rares incrustés de nacre et d’ivoire, et certains amusaient la vue par la bizarrerie de leur structure. La taille échancrée des violons voisinait avec la rondeur des tambourins et faisait compagnie