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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/23

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pas même de réussir à merveille. Il est vrai que chacun avait fait de son mieux, aussi bien M. Congieri que M. Floreau de Bercaillé. L’artificier Congieri était ce petit homme basané, venu de Milan, qu’on avait rencontré, tout le jour, avec son chapeau rond, ses bouffettes de rubans à l’épaule et sa lance à la main, courant çà et là, pour préparer les pièces et ajuster les fusées et autres engins, tandis que M. Floreau de Bercaillé, qui avait composé le ballet des Sylvains, s’inquiétait de s’assurer que les pas et les entrées en fussent bien sus, tout en s’essuyant le front où paraissait, sous la perruque soulevée, son poil dru et roux, le même qui, malgré le rasoir, lui pointait aux joues, et dont il portait avec lui, quand il remuait l’aisselle, un fumet de bouc qu’il était le premier à faire valoir.

M. de Bréot regardait toujours madame de Blionne, entre les quatre Sylvains masqués, debout, en sa robe d’argent, sur le fond des verdures éclairées. Il songeait, non sans un petit trouble, qu’à cause du poids de son ajustement et du mouvement qu’elle avait pris à danser, et bien qu’on fût en plein air, elle devait avoir chaud sous ses atours de Nymphe et la peau mouillée et le corps tout ruisselant. La sueur lui devait perler aux membres, couler au dos