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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/24

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et entre les seins et lui coller étroitement à la chair son linge humide. Et M. de Bréot, comme si la robe d’argent fût tout à coup devenue transparente ainsi que l’eau d’une fontaine, imagina soudain madame de Blionne comme si elle eût été toute nue devant lui. Il lui vit, en pensée, les jambes longues, les cuisses fortes, les hanches larges, le ventre doux, la gorge renflée, avec la peau très blanche, et tout cela, si distinctement et si véritablement qu’il lui en semblait toucher la chaleur moite et fondante et qu’il ouvrit la bouche pour en respirer le parfum sain et voluptueux.

Il ne le distingua point pourtant parmi ceux dont la nuit était pleine. L’huile des lampions et la cire des flambeaux se mêlaient dans l’air au musc et à l’ambre qui s’exhalaient des habits des femmes. Les hommes ne se privaient pas non plus d’user de poudres et de sachets. L’effluve échauffé en venait au nez de M. de Bréot, parmi des bouffées de feuilles, de fleurs et de gazon foulé, à travers lesquelles il cherchait en vain à reconnaître l’odeur que lui avait mise aux narines l’idée du corps tout ruisselant et nu de madame de Blionne, sous ses attributs de Nymphe des Fontaines, debout en sa robe d’argent entre les arcades de verdure et parmi les quatre