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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/236

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donc, en un langage dont elle ne manquerait pas de reconnaître le tour et la convenance, les raisons qui amenaient son frère, de si bon matin, dans une solitude d’où il formait le dessein de ne plus sortir et où il apportait moins les restes d’un pécheur que les commencements d’un saint. Et M. Le Varlon de Verrigny éprouvait quelque fierté de sa nouvelle condition.

Il avait le sentiment d’être à soi tout seul un spectacle et un spectacle non sans grandeur puisqu’il était l’effet d’une grâce particulière de Dieu. Certes le Seigneur permet bien quelquefois à ceux qu’il favorise de se retirer du péché, mais, le plus souvent, ils ne s’en éloignent que petit à petit et pour ainsi dire, pas à pas ; et il n’est donné qu’à bien peu d’en sortir d’un saut et tout d’un coup et de s’en trouver dehors avec autant d’éclat. La manière dont il s’était détaché de son ordure ne le mettait-il point, au regard des hommes, sur une sorte de pinacle, et ne présentait-il pas aux yeux un exemple admirable de la belle façon que l’on peut mettre à rompre en un jour ce qui a été la misérable habitude de toute sa vie ? Aussi, M. Le Varlon de Verrigny n’eut-il pas été étonné de voir se ranger aux deux côtés de la route les gens