Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/252

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– Ma foi, monsieur, le temps passe sans en avoir l’air et nous voici à l’automne. Il y a du brouillard ce soir et la terre est humide. Demain, si vous le voulez bien, je vous montrerai votre ouvrage, car vous n’êtes point venu ici, je pense, pour faire l’oisif et le paresseux. Allons bonne nuit, et tâchez de dormir en paix. Si le Diable vous tourmente vous n’avez qu’à frapper au mur. J’ai le sommeil léger et je serai vite debout. Je me mettrai en prières à votre intention pour vous aider à repousser le mauvais esprit. Si cela ne suffisait pas, vous n’avez qu’à éveiller aussi monsieur Ravaut, qui couche à côté de vous, et à nous trois, monsieur, nous arriverons bien à quelque chose.

M. Le Varlon de Verrigny ne vit pas partir sans inquiétude M. de La Bégissière. Il se demandait avec anxiété si le Diable, dont il avait fui les formes séduisantes, n’allait pas lui apparaître sous quelque aspect épouvantable et répugnant, furieux d’avoir vu lui échapper d’une façon inattendue, une proie sur laquelle il devait compter. Aussi, sa chandelle arrivée au bout, demeura-t-il assez longtemps étendu les yeux ouverts, et il ne fallut rien moins pour le rassurer que le silence de la