Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/254

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M. Le Varlon de Verrigny savait d’où lui venait cet heureux changement, et il ne cessait d’en remercier Dieu. Le Seigneur s’était chargé du plus gros, quant au reste, qui consistait à se maintenir en ce nouvel état, M. Le Varlon de Verrigny n’était pas assez vain pour s’en attribuer à soi-même le mérite. Il pensait plutôt que la sainteté du lieu en imposait au démon et que celui-ci n’avait guère envie de se hasarder en cette pieuse enceinte. Aussi avait-il pour cet endroit une considération particulière. Rien de plus beau et de plus admirable. Il en louait le site et les bâtiments. L’air même qu’on y respirait lui semblait doué d’une vertu non pareille.

Ce sentiment l’entretenait dans une humeur de gaieté et de contentement qui éclatait en ses paroles et se montrait sur son visage. Tout le détail de l’existence lui paraissait aisé et agréable et il en accomplissait les devoirs différents avec une allégresse et une complaisance étonnantes. Rien ne lui répugnait ni ne le lassait, ni la médiocrité de la table, ni la longueur des offices, ni la monotonie des journées. M. Le Varlon de Verrigny, véritablement le plus heureux des hommes, l’était avec un entrain et une jovialité extraordinaires, de telle