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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/260

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Il se rappelait de savantes discussions où il s’était laissé aller à la colère et à l’invective. Les gens d’étude apportent à la controverse une violence et un acharnement particulier, car si, comme chacun, ils croient à la vérité de ce qu’ils avancent, ils ont le sentiment que cette vérité est mieux fondée que celle des autres et, de même qu’ils ont mis toute leur patience à l’acquérir, ils mettent à l’imposer et à la défendre une ardeur qui leur fait plus d’une fois substituer l’injure à l’argument, de sorte qu’on les voit parfois, avec étonnement, soutenir les idées les plus délicates de la façon la plus grossière et par des moyens qui surprennent.

M. de La Bégissière, que M. Le Varlon de Verrigny consultait quelquefois sur ce même sujet, y répondait différemment :

– Tant mieux pour vous, monsieur, si le Diable vous épargne, quant à moi il m’arrive encore, malgré mon âge, de penser à ce que vous savez, et, vous-même, mon bon ami, prenez-y garde et redoutez quelque retour. Le feu des sens est sournois et nous ménage parfois de perfides étincelles. Heureusement que vous serez ici à l’abri des tentations, mais, si vous retourniez dans le monde, peut-être y risqueriez-vous plus que vous ne croyez.