Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/267

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assez tristement, la tête basse, à essuyer la sueur qui lui coulait du front, quand il vit venir à lui M. de La Bégissière. M. de La Bégissière avait également fort chaud. Sa figure rouge luisait sous ses cheveux et ses pommettes semblaient comme mouillées. Sa grosse chemise de toile rude, entr’ouverte sur sa poitrine, la laissait voir bien fournie de poils tout ruisselants. Pour avoir plus frais, il avait enlevé ses sabots et marchait sur le sol avec ses pieds nus. Il tenait à chaque main un arrosoir et il les heurtait de temps à autre avec un bruit guerrier. Arrivé auprès de M. Le Varlon de Verrigny, il s’assit à son côté sur le banc et ôta de son talon une grosse épine qui s’y était enfoncée. La tristesse de M. Le Varlon de Verrigny inquiétait le bon M. de La Bégissière et il eût voulu lui délivrer l’esprit du souci qui le piquait, comme il venait d’arracher de sa peau à lui l’épine pointue qui s’y était logée, mais il ne savait trop comment s’y prendre. Aussi commença-t-il par tousser à plusieurs reprises pour attirer l’attention de M. Le Varlon de Verrigny, et comme celui-ci demeurait toujours silencieux, il finit par le pousser du coude.

– Ma foi, monsieur, – lui dit-il pour entrer en