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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/268

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matière, – je crois bien que voilà un temps à souhait et que notre jardin s’annonce comme le plus beau du monde. Dieu soit béni et remercié d’avoir ainsi accepté le travail de nos bras. Il récompense nos efforts, et c’est une marque que notre peine lui est agréable. Aussi m’en sens-je tout réconforté. Une seule chose me chagrine : que vous ne sembliez pas l’être autant que moi et que votre attitude laisse paraître une tristesse et un découragement qui ne sont point dans votre nature et qui doivent provenir de quelque circonstance particulière, au sujet de laquelle je ne prétends pas vous interroger, mais en laquelle je serais heureux de vous servir, si j’en avais quelque pouvoir.

M. Le Varlon de Verrigny, aux paroles de M. de La Bégissière, poussa un long soupir qui engagea ce dernier à continuer.

– Votre abattement me cause de l’ennui et j’y pense souvent. La vie que l’on mène ici, si unie en apparence qu’elle puisse être, cache parfois des difficultés secrètes. L’entreprise de vivre selon Dieu ne va point sans quelques obstacles que nous trouvons en nous-mêmes, et il m’est venu dans l’idée que vous en êtes à un de ces moments d’incertitude dont le passage est fort pénible. C’est pourquoi j’ai