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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/271

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ce que nous sommes. Quant à moi, il n’en fut pas ainsi. Du plus loin que je me souvienne, je me trouve le goût des femmes et il se montra de si bonne heure qu’il est bien probable que je naquis avec, car les premiers signes que je donnai de cette passion funeste furent si violents et si déterminés qu’elle avait sans doute en moi une origine qui précédait les marques par où j’en pouvais faire voir la force… Enfin, monsieur, pour être bref et ne pas m’attarder, je vous dirai seulement que, du jour où se manifesta en moi ce penchant déplorable, il ne cessa de prendre à mesure plus d’empire et de pouvoir, si bien que je lui fus, ma vie durant, entièrement asservi et qu’il m’entraîna par la suite aux actions les plus coupables et les plus fâcheuses. Les femmes, monsieur, furent donc mon occupation principale, et le péché qu’il y a à agir avec elles selon les mouvements de la nature, mon péché le plus habituel et le plus dominant, celui où je retombais avec une faiblesse et une régularité que rien ne pouvait vaincre.

» Je ne vous ferai pas le récit de mes égarements et la peinture du pécheur que je fus. La vue des femmes me mettait dans l’état le plus désordonné. Notez, pour mon malheur, qu’il n’était point besoin