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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/272

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qu’elles fussent belles. J’étais capable de me satisfaire n’importe où et de n’importe quoi. Ah ! bien heureux les délicats qui recherchent les perfections du corps et du visage ! N’est-ce point là une merveilleuse défense ? Mais qu’il faut donc peu de chose au vrai pécheur ! Moi, je ne demandais que la place de mon péché, et toutes les femmes, monsieur, ne la portent-elles pas au même endroit !

Le bon M. de La Bégissière hocha la tête à cette vérité et M. Le Varlon de Verrigny continua :

– Oui, monsieur, j’étais exactement ce que je vous dis, mais, fors cela, assez honnête homme. Je ne vous dis pas cela par vanité, mais pour vous montrer que le fond de ma nature n’était pas mauvais. Sauf en ce qui est de ce péché de la chair, je me comportais pour le reste convenablement. L’idée salutaire de ma turpitude m’éloignait de l’orgueil. Quand on louait devant moi ma bonne tournure ou ma capacité aux affaires, j’avais dans l’esprit de quoi me rabaisser à mes yeux. Il me suffisait de considérer en moi la brute qui y séjournait. Je ne voyais pas ce monsieur Le Varlon de Verrigny dont j’entendais dire quelque bien, j’en apercevais un autre qui, au sortir du salon et de l’audience, allait faire une singulière figure, car l’homme, monsieur,