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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/275

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me sentirais pas vers elle le plus petit mouvement de désir.


Le bon M. de La Bégissière avait sursauté à l’idée d’être une femme toute nue ; il ferma pudiquement sur sa poitrine velue sa chemise de grosse toile bise, tandis que M. Le Varlon de Verrigny reprenait en baissant la voix :

– Et cependant, monsieur, le péché continue à m’habiter et, s’il ne se dresse plus dans ma chair, il y rampe, il y pullule, il y fourmille. Il me parcourt, il me ronge, il me pique. Il ne siège plus à un lieu de moi-même, mais il occupe tout l’espace de mon esprit.

Et M. Le Varlon de Verrigny fit la moue dégoûtée de quelqu’un qui sent grouiller sur soi une invisible vermine.

– Oui, monsieur, tel est mon état lamentable. Certes, je ne suis plus luxurieux, mais je suis en revanche gourmand, paresseux, avare. À la place d’un péché unique en voici je ne sais combien qui me tourmentent et m’obsèdent en tous sens ! Comme l’ancien, monsieur, ils n’ont pas de ces assauts brusques qui me précipitaient tout entier à mon désir, mais qui, une fois leur violence passée, me laissaient un assez bon homme, un peu penaud et