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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/285

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le gros et le petit gibier. Pendant qu’il battait les bois et la plaine, madame de Blionne restait à la maison. Comme elle était la douceur même, elle ne se plaignait pas de ce traitement. Les lettres qu’elle écrivait à sa mère, madame de Cheverus, et à madame de Preignelay ne contenaient aucune lamentation. La seule chose qu’elle reprochât, à son mari était de faire épier ses démarches, quand il n’était pas là, par des gens gagés qui pouvaient penser que de si grandes précautions devaient venir, non point d’une jalousie imaginaire de la part de M. de Blionne, mais de sujets véritables qu’elle y aurait pu donner.

M. de Bréot avait appris par le bruit public ce qui concernait madame de Blionne. L’idée qu’il ne la verrait plus lui paraissait insupportable. Il en venait à prendre en dégoût le séjour de Paris. Les divertissements lui en semblaient insipides et les spectacles sans intérêt. Il commençait à repenser tout doucement à sa province. Il y possédait justement une maison avec un petit jardin animé d’eaux courantes qu’il suffirait de disposer pour en faire une fontaine. Leur force divisée formerait par sa réunion une gerbe jaillissante, et il savait bien à quelle Nymphe il la dédierait. C’est là qu’il