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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/284

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beauté avaient porté la jalousie de M. de Blionne à séjourner depuis lors avec sa femme dans une de ses terres où il la tenait dans une solitude complète et sans lui permettre d’autre compagnie que la sienne ? Le plus étrange était que M. de Blionne, gros homme assez borné, avait épousé sa femme, deux années auparavant, moins pour elle que pour certaine convenance de famille et pour soutenir sa maison. Il avait fallu les louanges malheureuses que l’on fit devant lui des mérites de ce miracle vivant, pour lui apprendre le trésor qu’il possédait sans façons et avec qui il satisfaisait tout bonnement la nature, sans en penser si long. À peine notre homme eut-il le sentiment d’une valeur qu’il avait jusque-là presque méprisée qu’il en montra tout à coup non point l’estime qu’il en eût dû toujours faire, mais la plus brutale et la plus farouche jalousie, dont la première conséquence fut de soustraire madame de Blionne à tous les regards. Mais, sa femme toute à lui, il n’en demeura pas moins plein de soupçons. Cependant, s’il ne trouva pas aux champs le repos de son esprit, il y retrouva certains goûts que la ville lui avait fait perdre, je veux dire celui de la chasse, si bien qu’il passait une part de son temps avec les chiens et les valets à poursuivre