Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/29

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instant, visible en ses grâces les plus secrètes et en la structure même de sa beauté.


Ce fut en ces pensées qu’il suivit la compagnie jusqu’où la guidait M. le marquis de Preignelay et d’où l’on pouvait le mieux voir le feu d’artifice dont M. Congieri, de Milan, allait allumer les pièces et les fusées. C’était une terrasse à balustrade, au devant du château, où chacun prit place pour jouir du spectacle enflammé qui devait marquer la fin de la fête. Ensuite les plus enragés pourraient encore danser aux violons, durant le reste de la nuit et jusqu’à l’aurore, tandis que les autres iraient prendre quelque repos, car beaucoup devaient monter en carrosse d’assez bon matin pour s’en retourner à Paris avant que la chaleur du soleil fût trop forte. Ils ne manqueraient pas de répandre par la ville la nouvelle que monsieur et madame de Preignelay avaient su, trois jours de suite, divertir, nourrir et loger plus de soixante personnes, dont plusieurs fort considérables, en leur château du Verduron, et cela, avec un ordre si bien conçu que chacun avait eu ce qu’il pouvait désirer, et tout le monde son lit et sa chambre, sauf quelques-uns qu’il avait fallu mettre ensemble.