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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/308

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des feuillages et le miroir des fontaines. C’est pourquoi, au lieu de fuir, soyez favorable à l’un de nous et, s’il n’a aucun présent à vous offrir, ni grappes douces au goût, ni guirlandes fleuries, ni rien de ce qui fait d’ordinaire bien accueillir les inconnus, n’en agréez pas moins son hommage et ne lui donnez pas le déplaisir de voir une beauté qu’il admire lui témoigner une horreur qu’il ne mérite point et dont il ne se consolerait pas.

Le discours du Sylvain semblait avoir rassuré à demi madame de Blionne. Toujours à genoux, il reprit d’une voix douce et persuasive :

– D’ailleurs, suis-je donc entièrement pour vous un inconnu ? Si vous cherchiez bien au fond de votre mémoire peut-être y retrouveriez-vous un faible et lointain souvenir de ma figure ? Vous est-elle donc si étrangère ? Quoi, cet habit de velours vert et ces cornes dorées ne rappellent-ils donc rien à votre esprit ? Nous n’apparaissons point toujours en suppliants aux yeux des belles. Quelquefois une vive gaieté nous anime. Le rire illumine nos faces. La musique règle la cadence de nos membres. J’ai vu, un soir, quelques-uns d’entre nous danser autour d’une Nymphe dansante. Elle était voluptueuse et belle et portait une robe argentée,