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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/310

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votre chair. Sinon, votre peau écorchée pourrait bien sécher à quelque tronc d’arbre. Que puis-je pour vous défendre et qui sait si moi-même ?…

Elle se tut. Tous deux écoutaient. Le feuillage bruissait sourdement dans le frisson d’un vent invisible, comme si ce murmure eût voulu approuver les paroles de madame de Blionne.

– Plût aux Dieux, – reprit, après cet instant de silence, l’hôte des bois, – que je dusse payer l’audace d’avoir pénétré jusqu’ici d’une mort qu’il serait en votre pouvoir de me rendre douce et enviable ! Quelquefois la Beauté ne prend-elle pas pitié de l’Amour ! Que mes lèvres puissent seulement toucher cette main charmante qui me fait signe de m’éloigner ! Qui sait si cette faveur aussi ne changerait pas mon aspect et ne me ferait pas retrouver ma véritable figure…

Et M. de Bréot, car c’était lui, se débarrassait de l’habit et de la perruque cornue qui l’affublaient et, relevé, s’avançait vers madame de Blionne. En la voyant se reculer à son approche, comme si cette fois elle s’apprêtait pour de bon à prendre la fuite, il sourit tristement et ce fut avec mélancolie qu’il lui dit :

– Ne craignez rien, madame. Pensez-vous donc