Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/316

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plus basse, comme si elle se fût parlé à elle-même, quoiqu’elle s’adressât à M. de Bréot :

– N’est-il donc rien en vérité de plus doux que ces plaisirs du corps où la plupart des amants font aboutir leurs recherches et leurs rencontres et où ils semblent faire consister le plus haut point de leur félicité et le dernier terme d’un attrait qu’ils ressentent peut-être véritablement l’un pour l’autre ? Et si encore, pour en arriver là, ils n’avaient qu’à suivre le penchant mutuel qui les y porte ! Mais n’en est-il pas rarement ainsi ? Bien au contraire, que ne leur faut-il pas surmonter de difficultés et de périls ! À quels stratagèmes et à quels subterfuges n’ont-ils pas recours ! De quels détours et de quelles ruses ne se servent-ils pas ! Que ne hasardent-ils pour obtenir quelques instants d’un vulgaire bonheur ! Encore s’il leur suffisait de l’avoir éprouvé une fois ! Mais nous les voyons obligés à le renouveler, et ce besoin même d’en réitérer l’impression ne nous avertit-il point combien elle est légère et fugitive, puisqu’elle n’a pas cette durée qui remplit à jamais le souvenir et qui vieillit avec lui sans cesser d’en être la joie continuelle ? Ah ! monsieur, ne semble-t-il pas que ce soit en vain que les amants de cette sorte cherchent