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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/320

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il fut assez étonné de remarquer que l’une des piques qui le fermait portait, suspendu à sa pointe, un morceau de velours vert, comme si quelqu’un s’y fût déchiré en passant. M. Hussonnois hocha la tête et mit le morceau dans sa poche. Devant le château, M. Hussonnois croisa madame de Blionne qui revenait des jardins. Elle avait un air de distraction qui fit qu’elle ne répondit point au salut de M. Hussonnois. Ce traitement lui parut nouveau et il éprouva le besoin d’y aller réfléchir à l’écart. Il arriva ainsi au rond-point où se trouvait la grande fontaine. Un dernier rayon de soleil traversait la gerbe d’eau. M. Hussonnois fit le tour du bassin. Il imaginait volontiers que son onde fût devenue un vin généreux, car il était, ce jour-là, en des idées bachiques, quand du pied il heurta quelque chose a terre qu’il se baissa pour ramasser. C’était une perruque. Elle ne ressemblait pas à celles que l’on voit d’ordinaire sur la tête des honnêtes gens et elle paraissait à M. Hussonnois suspecte et singulière. Deux petites cornes, courtes et dorées, sortaient du crin blond et pointaient torses parmi la frisure des boucles. M. Hussonnois perplexe l’avait posée à son poing et il l’y faisait tourner d’un air soucieux.