Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/49

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des hôtes qui occupaient les chambres que leur avait fait préparer M. de Preignelay. Ce fut ainsi qu’il passa devant l’appartement clos de madame de Blionne. La belle Nymphe s’y reposait sans doute des gracieuses fatigues de la danse. M. de Bréot soupira doucement à cette pensée. Il ne s’arrêta point à la serrure de M. le Maréchal de Serpières, mais il aperçut avec surprise le logis de madame du Tronquoy grand ouvert et M. de Bréot y vit, étendu sur le carreau, M. du Tronquoy qui y dormait pour de bon et encore en son bel habit de Sylvain cornu. Comme il s’éloignait, il croisa une dame qui se glissait le long du mur, et il reconnut madame du Tronquoy, elle-même, qui parut assez contrariée d’être vue ainsi, errant à l’aurore par les couloirs où M. de Bréot continua sa route. Il arriva à la porte de M. Floreau de Bercaillé, dont il souleva doucement le loquet.

La chambre était pleine d’un beau soleil, et M. de Bercaillé, tout nu et tout doré de lumière qui ombrait son poil roux, sommeillait en travers de son lit. Une odeur d’étable et un fumet de bouc parfumaient la pièce. Quant à la petite servante, elle avait sans doute déguerpi. M. de Bréot chercha son manteau, laissa un ordre pour son valet et descendit