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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/58

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aucune peine et qu’il n’est pas besoin, non plus, de tant choisir, quand ce qui se présente vaut, en somme, tout autant que ce qu’on chercherait bien loin avec mille efforts et embarras. Aussi M. Floreau de Bercaillé ne se mettait-il guère en peine et se contentait-il de ce qu’il trouvait sous la main. Et les servantes s’apercevaient vite qu’il l’avait prompte et hardie.

Il disait, pour s’en excuser, que, l’amour étant un besoin comme un autre, les servantes, qui sont pour veiller à ceux que nous pouvons avoir, peuvent bien fournir aussi à celui-là. Il ajoutait même qu’elles y sont fort propres, à cause justement du métier qu’elles exercent. La fatigue qu’il donne demande, en retour, de la vigueur en même temps que de la complaisance. Ainsi il y a chance de rencontrer parmi elles des filles serviables, robustes, qui sont bien aises, après tout, une fois la besogne accomplie, qui leur fait gagner le pain, d’en trouver une autre qui les change un peu de la première. Joignez à cela que, simples d’esprits assez communément, elles conviennent parfaitement à cet exercice, avec ce qu’il faut pour le rendre sain et agréable, c’est-à-dire avec une sorte de naïveté qui n’est bien que dans le petit peuple d’où elles sortent.