Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/59

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Qu’importe qu’elles en parlent le langage, puisque ce n’est point, en ce cas, de harangue et de politesse qu’il s’agit, mais d’un travail de tous les membres, pour parvenir à un plaisir commun, auquel le lieu est assez indifférent et qui se goûte aussi bien sur la toile grossière d’une paillasse que dans le linge le plus fin et le mieux repassé.

Ces sages considérations avaient toujours empêché M. Floreau de Bercaillé de hausser son désir à de plus nobles prises. Il prétendait que ces dames, qui en veulent les cornes pour leurs maris, eussent été bien capables de se plaindre de l’odeur de la bête, car il faut convenir, concluait-il plaisamment, que ces jeux du corps développent en l’homme son fumet naturel et qu’il y a là de quoi incommoder des mijaurées, tandis que de bonnes filles, habituées à remuer les draps et à vider les eaux, n’y regardent pas de si près.

Cette double occupation du cotillon et du cabaret conservait d’ordinaire M. Floreau de Bercaillé en une assez bonne humeur, surtout les jours où il avait trouvé aisément à sa table le trait d’un sonnet, la pointe d’une épigramme ou les figures d’un ballet. Pourtant, à un certain moment de l’année, il n’en devenait pas moins mélancolique et tombait