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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/64

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M. de Bercaillé vidait ou remplissait le sien, il s’éloignait des considérations philosophiques, dont il avait d’abord entretenu M. de Bréot, pour en venir à des sujets plus familiers, comme les différentes qualités des vins que l’on boit dans les divers cabarets de Paris et le mérite des servantes qui vous les servent. M. de Bréot en était amené peu à peu à observer que, s’il était d’accord avec son nouvel ami sur les origines et les fins de l’homme, il ne se rangeait à son sentiment ni sur les femmes ni sur la manière de se comporter avec elles, même quand on a l’honneur, l’un et l’autre, de ne pas croire en Dieu.

Pour être vrai, M. de Bréot pensait tout bonnement que l’impiété la mieux établie n’oblige pas à manger goulûment et à boire outre mesure, non plus qu’à fumer des pipes de tabac en poussant des jurements licencieux et en adressant au ciel des bravades fanfaronnes, ni à coucher avec la première venue, ce que font aussi bien les dévots que les libertins. M. de Bréot concluait donc de ce raisonnement que l’impie le plus déterminé peut l’être sans parade et sans fracas et demeurer, en toutes ses façons, dans une réserve qui convient mieux à l’honnête homme que de montrer par trop ouvertement