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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/65

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qu’il ne partage point les idées du commun. Il le dit à M. Floreau de Bercaillé.

– Vous avez raison, – lui répondit celui-ci, – et, si vous pouviez en persuader nos libertins, vous rendriez grand service à notre parti, qui est bon, après tout, puisqu’il conduit à vivre selon la nature, et en même temps qu’il éloigne des superstitions, détourne de l’outrecuidance qu’il y a de vouloir que l’homme occupe dans la création une place dont le privilège lui mérite l’attention du Créateur. C’est cette sorte de vanité des dévots qui m’indispose contre eux. Ils ne seraient pas contents s’ils ne pensaient pas que Dieu s’intéressât directement à leur personne et se ressentît en la sienne de leur conduite. La vôtre, monsieur, me paraît donc singulièrement sage et, sans avoir jamais l’espérance de la pouvoir imiter, je serais heureux de savoir comment vous en avez acquis les principes. Dites-moi donc, monsieur, pendant que je suis encore au point de vous entendre, car ce petit vin commence à me brouiller la tête, et je crains d’être moins capable tout à l’heure que maintenant de bien écouter d’où ils vous viennent et qui vous êtes.

– Je vous dirai tout d’abord, monsieur, – commença