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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/79

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mandât son frère auprès d’elle, où il ne se rendait jamais qu’avec un petit tremblement de tout le corps, car ces appels n’avaient lieu que lorsque M. Le Varlon de Verrigny s’était laissé emporter par l’ardeur de sa nature à quelque frasque par trop forte. La Mère Julie-Angélique en était toujours exactement informée. Plusieurs personnes adroites et discrètes, chargées de ce soin, ne manquaient pas de la renseigner à ce sujet. Il fallait alors que M. Le Varlon de Verrigny subît de sévères remontrances et de dures semonces. Le pauvre homme ne tentait pas de s’y dérober. Il montait, l’oreille basse, dans son carrosse et se faisait mener aux Champs. Ce n’était pas sans terreur qu’il voyait apparaître à la grille du parloir la redoutable Mère Julie-Angélique, la grande croix rouge en travers de son corps maigre, et la figure jaune et irritée. Il courbait la tête sous l’opprobre et ne la redressait point avant de s’être entendu dire tout au long qu’il n’était qu’un misérable pécheur guetté par le feu de la géhenne et véritable gibier du diable.

Comme son frère, la Mère Julie-Angélique était naturellement éloquente, et M. Le Varlon de Verrigny sentait le frisson lui passer sur la peau et la