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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/86

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juger telle ? Nous serait-elle donc indispensable si l’on ne nous avait pas instruits dès l’enfance à ne pouvoir nous en passer ? Il me paraît bien plutôt que nous la devons plus aux autres qu’à nous-mêmes et que puisqu’on le peut apprendre, on peut désapprendre aussi à croire en Dieu. Ainsi donc, monsieur, que, dans le retour que nous fîmes, ensemble, du Verduron, dans votre carrosse, vous entreprîtes de me donner ce qui, à vos yeux, me manquait, pourquoi ne tenterais-je pas, à mon tour, de vous enlever ce qui, de votre propre aveu, est de trop à vous-même et ne sert qu’à vous tourmenter en vos plaisirs sans pouvoir vous arrêter en vos instincts ? Ne croyez pas cependant que je prétende assumer une tâche dont je vois la difficulté, mais je connais quelqu’un qui se tirerait à merveille de cet enseignement et pourrait peut-être vous mettre en état de vous passer de ce qui fait le chagrin de votre vie ? C’est, monsieur, un de nos meilleurs impies. Il raisonne bien. Quoique ce ne soit pas son métier, je ne doute point qu’il ne consente à vous entretenir du sujet qui nous occupe, et je suis certain que vous ne sortirez pas de ses mains sans vous y être dépouillé de ces entraves qui ne sont point faites