Aller au contenu

Page:Raîche - Les dépaysés, c1929.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
les dépaysés

vait d’en cimenter les dernières pierres. Son échafaud bascula. Masse rapide dans l’espace, il allait se briser sur un amoncellement de pierres.

Dom Nicophore étendit les mains, rayons de force.

« Je ne peux, je ne peux qu’obéir, attendez, que j’en obtienne la permission ». Il s’élança dans la montagne. Doux moine violent, affolé d’obéissance et de charité dans la montagne superbe, chose brune aux sandales sur les cailloux montants, moine épris de soumission, courant et gravissant dans la lumière étonnée à la recherche du supérieur qui seul pût permettre de sauver la vie de l’homme qui allait la perdre sur les angles d’une pierre.

La permission obtenue, nouvelle course affolante dans les chemins descendants. Moine ailé de force et de candeur, chose ardente vers la vie.

Près de l’échafaud, l’homme était toujours suspendu dans l’air, attendant le retour de Dom Nicophore. Il étendit les mains, rayons de douceur qui soutient, et il tomba doucement dans les bras du moine.

L’obéissance avait triomphé.